L'événementialité est en premier lieu une nouvelle méthode d'analyse de l'histoire des nations à partir des seuls "événements majeurs" : guerres, conquêtes, victoires, défaites, alliances, traités... En second lieu, l'événementialité est une théorie selon laquelle ces événements sont reliés par une logique qui explique la cause de ceux-ci lorsqu'ils se produisirent dans le passé, et qui prévoit leur arrivée pour ceux qui vont se produire dans le futur.
Ainsi pour les "événements historiques majeurs" du passé, les causes premières qui les ont engendrés n'ont rien à voir avec les explications ou interprétations politiques, économiques ou sociales qu'en ont donné les historiens classiques. Ces explications sont par ailleurs tout à fait réalistes et valables; mais elles ne furent, tout comme les événements concernés eux-mêmes, que des conséquences des causes premières : elles préparèrent le terrain pour l'arrivée des dits "événements majeurs".
Ces causes premières de l'Histoire des Nations résident en des lois que l'on peut qualifier de physiques au sens large. Ces lois imposent aux nations un déterminisme potentiel qui régit leur naissance, leurs conflits, leur apogée et leur fin.
Ce déterminisme est comparable à celui qui oblige chaque homme, après sa naissance, à grandir puis à vieillir et mourir. Ce déterminisme est une trame à l'intérieur de laquelle se situe le champ d'action de la liberté et du libre-arbitre. Ainsi, l'homme est, d'une manière relative, libre de réaliser sa vie comme il l'entend dans les limites temporelles de celle-ci. Et les nations, au sein de la trame de leur parcours temporel prédéterminé, sont potentiellement libres de moduler leur histoire par les décisions des dirigeants qu'elles se donnent.
L'analogie entre homme et nation s'arrête là; tous les hommes sont programmés pour des durées de vie sensiblement égales, les nations, non. Néanmoins, la naissance de ces dernières et leur durée procèdent d'une loi cyclique de renouvellement analogique entre elles, loi connue par tous les philosophes de l'antiquité, du moyen-âge et jusqu'au siècle dernier : le modulo temporel de renouvellement serait corrélatif du phénomène astronomique de précession des équinoxes et égal à 1/12 de celui-ci, soit environ 2160 ans.
Histoire rationnelle, aux événements quantifiés - de manière binaire - à la réalisation structurelle prédéterminée, avec un degré de relativité laissant son libre-arbitre à l’homme dirigeant sa Nation.
La base de la découverte fut donc la validation de l’existence d’une période de cyclicité analogique de la vie des Nations, période égale à 2150 ans environ et donc probablement liée au phénomène astronomique et physique dit de précession des équinoxes ; cette validation s’était faite par l’analyse des événements en tant que tels et cela amena la découverte de lois conceptuelles à partir de ces événements.
La plus importante de ces lois définit que les événements à comparer doivent être impérativement binaires, c’est-à-dire composés de deux opposants. Tout événement complexe, tel un conflit faisant intervenir plusieurs nations en même temps, devait être décomposé en événements simples ou binaires, c’est-à-dire ne faisant intervenir que deux nations opposées à la fois, avant d’en chercher les correspondances dans le passé. La quantification binaire des événements liés aux nations devient ainsi la base de l’événementialité.
La cyclicité d’apparition des nations et les destins analogiques que cela entraîne, amenait la conclusion d’un déterminisme structurel philosophiquement oppressant. Or, dès la thèse fondatrice de l’événementialité, on constate deux sortes de degré de liberté par rapport à ce déterminisme potentiel :
Le premier est seulement temporel et montre que la période d’environ 2150 - 2160 ans oscille en fait dans la fourchette 2124 à 2172, c'est-à-dire 2148 +/-24 ans. Ce degré de liberté est à l’échelle des hommes qui réalisent l’histoire, mais n’influe pas sur la structure prédéterminée d’un conflit entre deux nations par exemple ; cet aspect appelé qualitatif dans la thèse, est intangible. Par contre un autre degré de liberté, appelé quantitatif, permet aux hommes dirigeants les nations (et instruits des lois événementielles) d’agir quantitativement sur la réalisation d’un conflit, en le rendant "soft" par la diplomatie ou au contraire "hard" en s’entêtant sur un espoir illusoire de vaincre.
Ce degré de liberté, qui apporte une relativité dans la réalisation de l’histoire par rapport à ses lois structurelles, définit le domaine du libre-arbitre de l’homme et son pouvoir d’action dans la réalisation de l’histoire des nations.
Puis, à l’occasion de la vérification de la répétition des conflits, à 2150 ans de distance, entre nations se correspondant, on constata que le nombre des combinaisons conflictuelles entre nations constitue un ensemble fini dans une zone géographique donnée que nous appelons "monde événementiel" : ce fut par exemple le Monde méditerranéen à l’époque des Grecs puis des Romains, qui constitua un espace géographique où toutes les combinaisons conflictuelles prévues structurellement dans les lois se réalisèrent. Il y eut à cette époque d’autres mondes événementiels, tel l’extrême-orient, où le même schéma structurel de conflits se réalisa.
Aujourd’hui, après évolution de l’humanité sur un cycle temporel de 2150 ans, on constate qu’il n’y a plus qu’un seul "monde événementiel" englobant tout l’espace géographique terrestre. Il n’existe plus qu’une seule combinaison des conflits entre nations actuelles. Cette combinaison se déduit bien sûr analogiquement des précédentes, celle du monde méditerranéen par exemple que nous connaissons bien : d’où la comparaison des USA à Rome.
Toutes ces constatations montrent que l’histoire des nations se réalise suivant une trame potentielle se répétant avec une période de 2150 ans environ : la réalisation de l’histoire des nations est donc sous-tendue par une structure, qui s’applique sûrement depuis des temps immémoriaux, mais avec une évolution spatiale qui suit l’évolution de l’humanité prenant de plus en plus possession de notre globe et qui aboutit à notre époque à une unicité de modèle final.
Avec ses lois structurelles sur les événements entre nations quantifiés binairement, l'histoire événementielle ou l' événementialité, quitte le domaine des sciences humaines pour entrer dans celui des sciences rationnelles dites exactes, avec même sa part de relativité tout comme la physique.
Comprendre que la réalisation de l’histoire des nations est sous-tendue par une structure, amène obligatoirement à penser que l’on peut prévoir les grandes lignes du destin de chaque nation, si l’on possède les clés d’application de cette structure aux événements. L’événementialité apporte ces clés.
Conclusion
Par l’approche événementielle, l'étude de l'histoire n'est plus seulement passive et penchée sur le passé ; elle peut devenir active et opérationnelle en pronostiquant les événements futurs. L'événementialité et ses lois constituent un outil de stratégie en politique étrangère pour les hommes d'État, qui pourront préparer leur nation à assumer la trame de son destin, au mieux pour les citoyens.
Science rationnelle de l'histoire, l'événementialité correspond à un niveau de connaissance supérieur à acquérir par l'humanité. Mais il est évident que si l'on veut vraiment obtenir des résultats concrets d'application de cette connaissance, elle doit être comprise, acceptée puis utilisée par les dirigeants et hommes d’état des différentes nations.
Les grandes nations sont en premier lieu concernées. L'Organisation des Nations Unies, où sont présents des représentants de toutes les nations, et qui est appelée inéluctablement à un rôle de plus en plus important, devra acquérir ce niveau de connaissance.
Il serait souhaitable que l'événementialité soit connue, devienne un guide et un outil d'aide à la décision pour les dirigeants des nations de ce monde.
L'événementialité n'en est qu'à son début. Quelques expérimentations sont maintenant faites qui permettent de mettre en corrélation les époques, les nations, le passé, le présent et le futur.
Afin de pouvoir mieux maîtriser l’histoire de l’ensemble des nations, un énorme effort reste à faire, d'analyse et de structuration du passé, puis de projections sur le futur. Il ne s'agit rien moins que d'étudier tous les événements du monde, nation par nation, depuis trois mille ans, au moins.
Heureusement l'événementialité est une science qui quantifie l'histoire, le quanta étant l'événement, et la transforme en des ensembles de données. Quant à l’existence des lois événementielles, cela signifie qu’une logique s’applique. Partant de là, pour étudier l’histoire, notre époque a un outil remarquable à sa disposition : l'informatique. Un jour où l'autre, un grand projet informatique sur l'histoire sera lancé à partir des théories événementielles.